Troubles du sommeil et santé mentale : quand l’insomnie est un symptôme de dépression

Parfois minimisée, souvent mal comprise, l’insomnie peut être bien plus qu’un simple trouble passager. Lorsqu’elle s’installe durablement, elle peut aussi signaler un déséquilibre psychique profond. Entre symptômes croisés et mécanismes communs, le sommeil nous parle – encore faut-il savoir l’écouter.

BIEN-ÊTRE

5/28/20253 min read

troubles du sommeil stress anxiété
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Difficultés à s’endormir, réveils fréquents, sensation de sommeil non réparateur… Ces symptômes sont devenus courants dans nos sociétés modernes. En France, près d’un adulte sur cinq souffre de troubles du sommeil chroniques, selon Santé publique France. Mais ce que l’on mesure moins, ce sont les conséquences de ces nuits agitées sur la santé mentale.

Les troubles du sommeil ne sont pas uniquement les conséquences du stress ou d’un rythme de vie effréné. De nombreuses recherches montrent qu’ils peuvent précéder, aggraver ou révéler des pathologies psychiques comme la dépression, l’anxiété généralisée ou encore les troubles bipolaires. Une étude publiée dans JAMA Psychiatry en 2022 indique ainsi que l’insomnie multiplie par deux le risque de développer une dépression dans l’année suivante.

D’un point de vue biologique, ce lien s’explique notamment par les perturbations des neurotransmetteurs comme la sérotonine et la mélatonine, qui jouent un rôle clé à la fois dans la régulation de l’humeur et du cycle veille-sommeil.

Quand le sommeil se dérègle, la santé mentale vacille

La dépression s’invite souvent sous la forme d’un sommeil troublé. Le schéma le plus courant : un endormissement difficile, des réveils précoces, une fatigue persistante au réveil. Autrement dit, le corps dort, mais l’esprit ne se repose pas. Chez certains patients, le trouble du sommeil est même le premier symptôme visible, avant l’apparition d’un mal-être plus global.

"Les patients viennent consulter pour de l’insomnie, mais en creusant, on découvre une perte d’intérêt, une tristesse diffuse, un repli social. Le sommeil est souvent la partie émergée de l’iceberg", explique le docteur Marion Couderc, psychiatre à Paris.

Et ce cercle peut rapidement devenir infernal. Le manque de sommeil alimente les pensées négatives, altère le jugement, renforce la fatigue et donc… favorise l’ancrage dépressif. C’est un engrenage redoutable où chaque mauvaise nuit est à la fois symptôme et facteur aggravant.

Dépression et insomnie : un cercle vicieux

L’anxiété, grande sœur de l’insomnie

Autre partenaire toxique du sommeil : l’anxiété. Cette fois, ce sont les pensées intrusives, les ruminations et l’anticipation des problèmes qui empêchent l’endormissement. Le cerveau reste en alerte, comme si le danger rôdait.

"Chez les personnes anxieuses, la nuit devient un espace de vigilance extrême. Le corps est au repos, mais l’esprit reste hyperactif", décrit la psychologue Aïcha Krief.

Depuis la pandémie de COVID-19, les cas de troubles anxieux – notamment chez les jeunes – ont explosé, et avec eux, les insomnies. Un sommeil fragmenté, entrecoupé de réveils angoissés, peut être le reflet d’un stress chronique ou d’un syndrome post-traumatique.

Soigner l’un, c’est apaiser l’autre ?

Bonne nouvelle : en traitant la cause psychique, il est souvent possible de retrouver un sommeil de meilleure qualité. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ont montré leur efficacité dans ce double objectif : désamorcer les schémas de pensée négatifs et rétablir une bonne hygiène du sommeil.

Côté pharmacologie, les somnifères sont parfois prescrits en appoint, mais jamais comme solution de fond. Les antidépresseurs, eux, peuvent jouer un double rôle, en rééquilibrant l’humeur et en stabilisant le rythme veille-sommeil.

Mais avant tout, il s’agit d’adopter une approche globale, qui prenne en compte à la fois le corps et l’esprit. Un travail en lien avec le médecin traitant, un psychologue ou un psychiatre est souvent nécessaire pour sortir durablement de l’impasse.

  • 📅 Garder des horaires réguliers, même le week-end.

  • ☀️ S’exposer à la lumière du jour dès le matin.

  • 📴 Éviter les écrans au lit, surtout les contenus anxiogènes.

  • 📖 Privilégier des activités calmes avant le coucher : lecture, bain chaud, relaxation.

  • 🧘 Pratiquer la respiration profonde ou la méditation, pour réduire l’agitation mentale.

Conclusion : écouter ce que nos nuits disent de nos jours

Le sommeil n’est pas qu’une pause biologique. Il est un miroir de notre état intérieur, un baromètre émotionnel. Quand il se dérègle, ce n’est jamais anodin. Derrière l’insomnie, se cache parfois une détresse qui ne dit pas son nom. Plutôt que de vouloir « forcer » le sommeil à revenir, il est souvent plus juste de comprendre pourquoi il nous fuit.

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