Le jeûne intermittent : effet de mode ou véritable outil thérapeutique ?

Popularisé par les influenceurs bien-être, le jeûne intermittent a quitté les marges du développement personnel pour gagner les couloirs de la médecine. Mais au-delà de la tendance, que dit la science ? Peut-on réellement améliorer sa santé en arrêtant de manger pendant plusieurs heures ? Enquête sur une pratique aussi ancienne que controversée.

BIEN-ÊTRE

6/3/20252 min read

jeûne intermittent
jeûne intermittent

Manger moins souvent… pour vivre mieux ?

Pendant des siècles, nos ancêtres n’ont pas mangé trois repas par jour. L’accès permanent à la nourriture est une donnée très récente dans l’histoire humaine. Le jeûne intermittent – qui consiste à alterner des périodes de prise alimentaire avec des phases de jeûne de 12 à 20 heures – remet en question nos habitudes modernes.

Le protocole le plus courant est le 16/8 : on jeûne pendant 16 heures et on mange dans une fenêtre de 8 heures, souvent entre midi et 20h. D’autres variantes existent, comme le 5:2 (deux jours très réduits en calories par semaine) ou le OMAD (« one meal a day »).

Si le jeûne intermittent séduit, c’est d’abord parce qu’il permet une perte de poids sans compter les calories à chaque repas. Selon le Dr Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition à l’Institut Pasteur de Lille, « c’est un outil efficace à court terme, notamment pour ceux qui grignotent beaucoup ou mangent tard le soir ».

Mais les effets pourraient aller bien plus loin. Des études montrent une amélioration de la sensibilité à l’insuline, une réduction des marqueurs inflammatoires, et même des bénéfices sur la santé cardiovasculaire. Le jeûne activerait des mécanismes cellulaires de réparation, comme l’autophagie, un nettoyage naturel des cellules.

Un effet sur le poids… et au-delà

Des bénéfices, oui… mais pour qui ?

Toutefois, cette pratique n’est pas une solution miracle. « Elle ne convient pas à tout le monde, notamment aux personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire, aux femmes enceintes ou aux diabétiques sous traitement », prévient la diététicienne Florence Foucaut. Elle rappelle que le jeûne intermittent peut provoquer des effets secondaires : fatigue, irritabilité, troubles du sommeil, voire compulsions alimentaires en fin de journée.

De plus, tout dépend de ce que l’on mange pendant la fenêtre alimentaire. « Le jeûne intermittent ne compense pas une alimentation déséquilibrée. Si vous mangez n’importe quoi pendant vos huit heures, les bénéfices seront annulés », ajoute-t-elle.

Une mode amplifiée par les réseaux

Sur TikTok ou Instagram, les témoignages pullulent. Poids perdus, regain d’énergie, « esprit plus clair » : la communauté du jeûne intermittent est très active. Mais attention aux promesses exagérées.

Le Pr Benjamin Lemoine, endocrinologue, met en garde contre cette idéalisation : « Ce n’est pas parce que c’est naturel que c’est sans danger. Les jeunes qui se lancent dans le jeûne sans encadrement risquent de tomber dans des schémas alimentaires déséquilibrés. »

Verdict : simple tendance ou stratégie crédible ?

Le jeûne intermittent n’est pas une baguette magique, mais il peut être un outil utile s’il est bien utilisé. Il invite surtout à repenser notre rapport à la nourriture et à la régularité des repas, souvent dictée plus par nos emplois du temps que par nos signaux de faim.

À condition d’être encadré, personnalisé, et intégré dans une démarche globale de santé, il peut trouver sa place dans la prévention et la gestion de certaines pathologies métaboliques.